Les Pétrolettes : « Ensemble, on est plus forts »
Nouvelle venue dans le paysage des assos communautaires en Bretagne, Les Pétrolettes débarque à Rennes. Dorys, co-fondatrice et référente Bretagne du STRASS, s’est prêtée au jeu de l'interview.
Qui êtes-vous et que faites-vous ?
Je suis Dorys, co-fondatrice des Pétrolettes et travailleuse du sexe. Nous sommes une association de développement communautaire visant la réduction des violences faites aux femmes et aux minorités de genre, avec et pour les TDS. Pour l’instant, nous ne sommes présentes qu’à Rennes, en Ille-et-Vilaine (35), mais nous aimerions nous développer dans toute la Bretagne et devenir un interlocuteur privilégié en matière de travail du sexe.
Concrètement, que propose les Pétrolettes ?
Notre action s’articule autour de trois axes. En matière de santé, nous distribuons du matériel de réduction des risques (préservatifs, gel, éponges, etc.) en partenariat avec l’ARS (Agence Régionale de Santé), l’association AIDES et le planning familial. Au niveau empowerment, nous organisons des « goûters putes » tous les mois, en non-mixité TDS, pour parler de nos vies entre personnes concernées. Au moins, nous n’avons pas l’impression d’être écoutées par une personne qui ne vit pas la même situation que nous. Ça fait vachement de bien ! C’est aussi l’occasion de se marrainer sur le Projet Jasmine, de distribuer des préservatifs, ou de tenir au courant les collègues sur nos actions syndicales et les décisions politiques. Enfin, pour le volet sécurité, nous aimerions mettre en place des ateliers d’auto-défense mais le Covid a un peu retardé le projet.
Que dirais-tu à un.e TDS qui hésite à venir vous voir ?
Ensemble, on est plus forts. L’intérêt de venir nous voir, c’est de briser l’isolement. En exerçant seule, sans aucun soutien ou retour d’expérience de personnes plus expérimentées, on se met en danger. Autant physiquement (agression) que financièrement (précarité). Ensemble, on échange nos conseils, par exemple : « Comment tu fais pour prendre les rendez-vous, toi ? » Ça permet d’acquérir une certaine confiance en soi. On fait aussi de « l’outreach » : je regarde les sites d’Escort à Rennes, je prends numéro par numéro et j’envoie un message nominatif/personnalisé. C’est plus rassurant et sympa. J’explique qui nous sommes, ce que nous faisons, que la personne peut venir nous rencontrer autour d’un morceau de gâteau et d’une boisson chaude.
J’ai cru comprendre que l’asso’ avait pas mal de projets dans les cartons…
A terme, nous allons organiser des permanences à l’Iskis, le centre LGBTI+ de Rennes. Nous avons également un projet de friperie ambulante… Il faut aussi développer nos réseaux sociaux.
Agathe, ma collègue, va faire du repérage de violences dans le quartier de Maurepas, avec si la victime le souhaite, un entretien individuel pour l’aider au mieux. Le phénomène de « lover-boy » est assez présent là-bas : la fille est éprise d’un mec, au début ils couchent ensemble, normal. Après, il fait tourner sa copine et ramasse l’argent. Et ça, la nana, elle ne conscientise pas forcément que c’est du travail du sexe.
Enfin, on envisage aussi des maraudes, de l’outreach dans la rue. Mais c’est compliqué : il n’y a plus de lieux de prostitution dans la rue, à Rennes, à cause de la loi Sarkozy.
Pratique : pour contacter Les Pétrolettes, ça se passe sur Facebook ou Twitter. Le site n’est, à l’heure actuelle, pas totalement terminé.
Jonathan Konitz