La richesse de l’actualité du travail du sexe n’est pas corrélée à la temporalité de cette newsletter. Et c’est tant mieux. Car la densité des bouleversements signifie que quelque chose bouge du côté de la reconnaissance du TDS. Depuis notre première newsletter, le gouvernement a accordé une enveloppe de 500 000€ à 3 associations, Médecins du Monde, le Mouvement du Nid et l’Amicale du Nid. Au détriment des assos communautaires. Seule l’ONG Médecins du Monde va reverser ses 116 000€, sous forme de tickets service, à une quinzaine d’assos communautaires. En sachant que ces tickets reversés par MdM vont servir à environ 3 500 personnes, cela représente 50€ par travailleur.se du sexe. Une broutille au final. Mais il faut se saisir des victoires, fussent-elles minuscules. Là où le ministère de la Santé faisait la sourde oreille, quelque chose s’est réveillé. L’immobilisme n’est plus, sans doute grâce au combat de longue haleine des militant.e.s.
Celles et ceux qui se sont également retrouvé.e.s non loin de l’Assemblée nationale le 13 avril dernier, non pour fêter, mais contester le triste anniversaire de la « loi prostitution » de 2016. Celle qui, en pénalisant les clients, a davantage propulsé les TDS dans une précarité collante, en plus de les exposer de plus belle aux dangers. Le « parcours de sortie », avec ses aides dérisoires, n’en est que plus insultant. Mais la veille de cette manifestation, une autre victoire, agréablement surprenante, est venue ponctuer la bataille. La Cour Européenne des Droits de l’Homme (CEDH) a indiqué qu’elle allait examiner les 261 requêtes déposées en 2019 par des travaileur.ses du sexe exerçant en France. Par ces requêtes, les TDS demandent à faire reconnaître « l’atteinte à leurs droits fondamentaux » et exigent l’abrogation de la loi de pénalisation des clients.
Ces informations importantes ont été relayées dans un grand nombre de médias « mainstream ». Là aussi, c’est tant mieux. Cela veut dire que le sujet n’est plus ignoré. Cette newsletter, elle, a vocation à être modeste, mais, surtout, nous l’espérons, à être lue au fil du temps par des personnes qui n’y connaissent rien au domaine du travail du sexe, pour qu’ils abandonnent leurs préjugés et/ou fantasmes. Merci aux travailleur.ses du sexe qui nous suivent déjà et nous font confiance, merci à celles et ceux, anonymes et abonné.e.s.
Dans ce n°2, vous trouverez des photos du rassemblement du 13 avril, pour lesquelles nous remercions notre consœur Élodie Hervé, des témoignages de TDS sur la baisse de revenus et l’exigence des clients depuis le début de la pandémie, un entretien avec une nouvelle association rennaise, les Pétrolettes, un sujet sur la difficulté à récupérer l’argent des cagnottes en ligne, pour lequel nous remercions le député Raphaël Gérard, toujours en première ligne dans le combat des TDS, et le glossaire du travail du sexe paru dans le magazine Néon du mois d’avril-mai.
Par ailleurs, nous vous invitons à lire cette tribune, écrite par l’association La Grande Horizontale (dont nous vous parlerons dans la prochaine newsletter), et que nous avons signé tous les 2 : https://blogs.mediapart.fr/la-grande-horizontale/blog/100421/la-victime-etait-presque-parfaite
Nous accueillons toujours vos remarques et/ou suggestions de sujets à l’adresse tdsnews@protonmail.com ou en message privé sur le compte Twitter @TesDeesse_NL
Bonne visite,
Elsa Gambin & Jonathan Konitz