« Nous avons une responsabilité au niveau de l’éducation à la sexualité »
Pour T’es DéeSse, le jeune collectif mixte de porn La Branlée nous raconte ses projets, qui oscillent entre réalisations, performances, rencontres et éducation à la sexualité.
Rencontre avec Petra, fondatrice, et Al, membre du collectif.
Pouvez-vous revenir sur la genèse de La Branlée ?
J’ai fait des études de photographie, mais en parallèle je me suis toujours intéressée au porn, j’ai d’ailleurs écrit un mémoire sur la pornographie, plutôt basé sur l’analyse esthétique, les codes visuels liés à l’excitation. Comme j’avais quelques contacts dans le milieu je me suis retrouvée à faire des photos de plateaux et l’idée de monter un collectif de porn m’est venue. La Branlée a été créé en 2019, à ce moment-là il existait peu de collectifs sur le sujet. Nous sommes un collectif de porn mixte sur le genre, il y a des personnes trans, non-binaires, des mecs cis, ainsi que des personnes travailleuses du sexe ou non. Le but n’est pas seulement de proposer des supports audiovisuels, des vidéos pornos, mais également d’être dans l’échange autour du sujet, de pouvoir appréhender la diversité des parcours de chacun-e, et nous aimerions aussi beaucoup faire de la performance.
Nous avons également le désir que le collectif soit un lieu possible de déconstruction et d’apprentissage sur le porn. Nous sommes un collectif naissant, il y a forcément beaucoup d’envie et d’excitation.
Comment fonctionnez-vous ?
Aujourd’hui, nous sommes une douzaine de personnes, plusieurs cerveaux pour penser les projets, dans un collectif sans argent mais avec beaucoup d’envies et de force humaine ! Chacun-e peut proposer un projet, selon ses désirs et compétences, chaque personne apportera ce qu’elle peut. Nous pouvons aussi faire appel à des personnes extérieures qui seraient intéressées. Si vous avez envie de faire du porn mais que vous n’osez pas, vous êtes toutes et tous les bienvenu-es bien sûr ! On a envie d’effriter les frontières entre les rôles.
Le porno est bien souvent la 1ère éducation sexuelle
Vous avez aussi le souhait de sensibiliser au sujet ?
Oui, nous allons nous formaliser en association bientôt, avec pour objectif de faire de la sensibilisation en milieu scolaire, autour de la transidentité, du consentement, et de la pornographie bien sûr. Le porno est bien souvent la 1ère éducation sexuelle, donc nous ressentons une forme de responsabilité, il est important d’expliquer les réalités, de dire aussi que d’autres pornographies sont possibles.
Parlez-nous de votre 1er film, au titre prometteur…
Notre 1er projet est un court-métrage axé sur l’humour intitulé « La cerise sur le gâteau », dont la réalisatrice est Suçon. Pour nous il est important de réintroduire de l’humour dans la pornographie, de proposer des choses à la fois drôles et excitantes. Le synopsis raconte l’histoire de 2 colocs’ qui vont à une soirée vegan mais ne savent pas cuisiner du tout… Ce projet a pu voir le jour grâce à une levée de fonds. Cela nous a aussi permis de nous rendre compte des difficultés de terrain, financières et autres. Ce film a été réalisé par une majorité de personnes féministes, militantes et queer. Actuellement en montage, il sera prêt début octobre. Nous espérons pouvoir le présenter au Porn Film Festival de Bruxelles et réfléchissons aux modalités de diffusion du film. On aimerait organiser une soirée de visionnage.
Un message à délivrer ?
Que nous essayons d’être le plus éthique possible. Nous réfléchissons également à de courtes vidéos pédagogiques qui pourraient compléter nos films, des sortes de « pubs » étiques et informatives du genre expliquer pourquoi il faut payer sa pornographie ! Une sorte de « version premium » du film. La partie éducative est toute aussi importante pour nous.
Propos recueillis par Elsa Gambin
Pour contacter La Branlée : Instagram La_Branlee et labranlee@gmail.com
Artwork : Zoochora